La réapparition de Sheri Pranteau | Installation (2018) | Triptyque | 23 min | couleur, HD (1920 par 1880, 23,98 images/sec) | Épopée Groupe d'action en cinéma | Distributeur : Vidéographe | Format de distribution : 3 écrans, fichier numérique, stéréo et surround 5.1.

Groupe Épopée a filmé Sheri Pranteau racontant son incarcération à la suite de sa condamnation à perpétuité pour homicide involontaire et vol à main armée. Femme d’origine Crie et Anishinaabe du Manitoba, Sheri Pranteau a reçu sa peine à Winnipeg. Elle a purgé quinze ans de prison, suivis de deux autres années dans une maison de transition à Montréal. Elle est aujourd’hui en libération conditionnelle.

En septembre 2015, Pranteau a été invitée à une discussion sur la situation des femmes autochtones dans le système carcéral canadien, organisée par la Faculté de droit de l’Université McGill. Suivant les exposés de deux spécialistes, elle a pris la parole pour relater son expérience en prison.

Le panel s’est déroulé dans le tribunal-école (Moot Court) de l’Université McGill. Cet amphithéâtre avec gradins est une réplique d’une cour de justice et sert à la formation des futurs avocats. Sheri Pranteau s’est ainsi retrouvée à nouveau au tribunal, sous la loupe d’un auditoire, dans un amphithéâtre qui rappelle également les images des salles de dissection des facultés de médecine d’Europe durant la Renaissance.

Sheri Pranteau: Undisappeared [La réapparition de Sheri Pranteau] reconstitue l’expérience de la « Moot Court ». En concentrant les regards sur la personne de Sheri Pranteau, cette installation vidéo sur écrans multiples souligne la situation de pouvoir qui sous-tend l’architecture même de l’amphithéâtre. Pranteau y est filmée en gros plan, afin de donner toute sa puissance à sa parole souveraine. Les gradins sont vides. Cette absence de spectateurs et de jurés retire au lieu sa fonction de tribunal.

En faisant l’expérience de l’installation, les spectateurs sont appelés à constater à quel point les pouvoirs en place dictent nos regards, particulièrement en ce qui concerne les femmes autochtones. Historiquement, la représentation des personnes autochtones alterne entre l’invisibilité et le spectacle de la souffrance. Groupe Épopée espère que ce projet contribuera à exposer (et à désamorcer) un procédé de représentation qui, sous le couvert de bonnes intentions, reconduit des dispositifs coloniaux.

Sheri Pranteau: Undisappeared | Installation (2018) | Tryptic | 23 min | colour, HD (1920 by 1880, 23,98 images/sec) | Épopée Groupe d'action en cinéma | Distributor: Vidéographe | Distribution format: 3 screens, digital file, stereo and surround 5.1

Groupe Épopée filmed Sheri Pranteau talking about her incarceration after she received a life sentence for manslaughter and armed robbery. Pranteau, a Cree and Anishinaabe woman from Manitoba, was tried in Winnipeg. She served fifteen years in prison, followed by two years in a halfway house in Montreal. Today, she is out on parole.

In September 2015, Pranteau was invited to participate in a discussion on the situation of Indigenous women in the Canadian prison system, organized by the Faculty of Law at McGill University. Following talks by two experts, she took the floor to recount her experience in prison.

The panel took place at the Moot Court at McGill University. This amphitheatre is a replica of a courtroom surrounded by tiered rows of seats and is used to train future lawyers. Pranteau therefore found herself in court once again, being scrutinized by an audience, within an amphitheatre that also conjures up images of dissection halls in European faculties of medicine during the Renaissance.

Sheri Pranteau: Undisappeared reconstructs her experience in the Moot Court. By concentrating viewers’ eyes on Pranteau, this multiple-screen video installation emphasizes the power relations that underlie the very architecture of the amphitheatre. Pranteau is filmed in close-up in order to fully empower her words. The audience seats are empty. The absence of spectators and jurors removes the function of courtroom from the place.

As they experience the installation, spectators are called upon to observe the point to which the powers that be dictate our gazes, particularly with regard to Indigenous women. Historically, the representation of Indigenous people has alternated between invisibility and the spectacle of suffering. Groupe Épopée hopes that this project will help to expose (and defuse) a representation process that, under cover of good intentions, extends colonial measures.